Le quartier de Yorkville dans les années 60

Yorkville était un quartier dans la ville de Toronto qui était le centre de la contreculture des années 60s. Son nom vient de l’avenue Yorkville, mais en tant que district, ses limites était aux alentours de la rue Bloor vers le sud, la rue Davenport vers le nord, la rue Yonge vers l’est et la rue avenue vers l’ouest. L’avenue Hazelton et les rues Cumberland, Scollard, et Bellair faisaient partie du quartier de Yorkville.

À l’époque, le quartier était composé de veilles maisons victoriennes, et Yorkville est devenu attirant à la sous-culture Beatnik vers la fin des années 50s et le début des années 60s en raison de ses loyers bas, des auberges bon marché, et des cafés intimes où on partageait de la poésie et de la musique jazz. Lorsque la contreculture “ hippie ” est arrivée au milieu des années 60s, avec ses milliers de jeunes personnes qui voyageait d’un bout du pays à l’autre, Yorkville est devenu un sanctuaire pour la musique folk et rock, d’activisme de paix, d’expérimentation sexuelle d’amour libre, et un style de vie de partage, de renforcement de collectivité et de fraternité. Toute une génération semblait être désintéressée à la culture conventionnelle de conformité et consommation qu'adoptait leurs parents.

Au moins 40 clubs et cafés prospères se trouvaient à Yorkville et plusieurs musiciens y ont joués tels que Joni Mitchell, Gordon Lightfoot, Bruce Cockburn, Neil Young, Simon & Garfunkle, James Taylor, Tom Rush, Buffy Sainte-Marie, Carly Simon, Murray McLaughlin, Ian & Sylvia Tyson, Dan Hill, Lonnie Johnson, Richie Havens, The Staple Singers, et plusieurs autres artistes qui ont eues de longues carrières. Des auteurs tels que Leonard Cohen, Margaret Atwood, Gwendolyn MacEwen, et Dennis Lee présentait leur art au public des Yorkville, un auditoire réceptif à leur poésie “ sous-terraine ”.

Les noms de la majorité de ces clubs font maintenant partie de l'histoire de Yorkville : The Riverboat Coffee House, The Penny Farthing, the Mynah Bird, the Purple Onion, the Devil’s Den, El Patio, Borris’s, the Night Owl, Chez Monique, the Village Corner, et Flick. Il y avait aussi le journal sous-terrain, le Harbinger, coédité par Hans Wetzel et David Bush, on y trouvait des Nouvelles politique ainsi que des caricatures, des diatribes politiques, des calendriers d’évènements, etc.

Comme le quartier Greenwich à New York et Haight-Ashbury à San Francisco, Yorkville dans les années 60s gravitait autour du thème de “ sex, drugs and rock’n’roll ”. Mais au début, les drogues dures (comme le speed et l’héroÏne) n’était pas tolérés par consensus général, et seulement la marijuana était reconnaissable en raison de son odeur, plus tard le LSD entra en scène.

Les files d’attente de jeunes adultes sur les trottoirs qui voulaient rentrer dans les clubs était très colorés et intriguant, avec des personnes aux cheveux très longs et leurs habillements inhabituels. De fait, ces foules attirait des touristes qui conduisaient jusqu’à Yorkville afin de voir les “ hippies ”. L’influx de touristes est devenu si élevé que la contreculture de Yorkville est devenue le premier mouvement anti-voiture au Canada. Ils ont organisé des “ sit-ins ” et des “ sleep-ins ” à l’hôtel de ville et à Queen’s Park afin d'essayer de bannir les voitures de Yorkville en raison de la pollution qu'elles causaient et les problèmes de sécurité. Un groupe surnommé “ Digger House ”, organisé par June Callwood et d’autres personnes, a joué un rôle central dans ces manifestations. Un “ love-in ” tenu à Queen’s Park avec but d’arrêter le traffic à Yorkville en 1967 a eu 4000 participants.

Les “ pères de la ville ” à l’époque considérais les hippies de Yorkville comme étant des pestes et désiraient dissoudre le quartier. Pendant l’été de 1967, il y a eu trois nuits de tumulte où la police a essayée d’arrêter autant de hippies que possible. Du désarroi, un représentant a pris la scène: David DePoe, un homme qui était un membre du Digger House et un employé du Conseil de jeunes canadiens. Il essaya de raisonner avec les membres du conseil municipal, y incluant Allan Lamport, qui était le maire de la ville de Toronto durant les années 50s. Lamport détestait tout ce que les hippies représentaient, surtout les notions d’anti-matérialisme et l’idée de partage entre personnes. DePoe a essayé de convaincre Lamport et ses collègues que Yorkville était important puisqu’il représentait une différente manière de vivre. L'Office national du film a filmé un documentaire qui incluait une confrontation entre DePoe et Lamport nommé “ Flowers on a One-way Street ”.

Un autre documentaire de l’Office national du film a été filmé au milieu des années 60s, “ Christopher’s Movie Matinee ”. Évidemment, les films (ainsi que les reportages constants) ont augmenté la quantité de personnes qui se rendaient à Yorkville afin de participer ou faire du tourisme.

En automne 1967, Yorkville attirait on nouveau contingent de jeunes: des adolescents troublés fuyant des situations abusives, ceux qui sont tombés entre les mailles du filet des services sociaux et du système de foyers d’accueils, ou ceux qui ont été expulsé des écoles secondaires. Les résidents de Yorkville ont fait de leur possible pour aider ces jeunes marginalisés avec le “ Digger House ” et d’autres organismes charitables de Toronto, en offrant des nécessités de base à des jeunes qui voulaient que faire de la drogue. Cependant, ils n’avaient pas la formation ni les ressources pour régler ses problèmes compliqués, ce nouveau contingent était un grand facteur dans la fin de Yorkville, mais il y avait aussi d’autres facteurs.

Vers la fin des années 60s, il y a eu une augmentation de motards et de violence, avec une présence croissante de drogues dures. Une rumeur de présence d'hépatite (nous ne savons pas si c'était vrai ou pas), diminuais la quantité de touristes dans le quartier. Pourtant, le plus grand contribuable à la chute de Yorkville fut le redéveloppement du quartier.

Le développement fut accompagné par l’expansion de la ligne Bloor-Danforth du métro de Toronto, et les développeurs ont achetés plusieurs propriétés le long de la ligne de métro, embourgeoisant et augmentant la valeur de marché du quartier. Richard Wookey, un développeur majeur, a acheté 70 maisons à Yorkville et a construit Hazelton Lanes, un centre d'achat haut de gamme. Aussi, le magasin de surface de La baie et Holt Renfrew ont remplacés des petites boutiques locales qui vendaient des t-shirts style “ tie-dye ”, des papiers à rouler, des produits de santé etc. Ces développeurs ont transformé Yorkville d’un quartier hippie à un des quartiers de magasinage haut de gamme et résidentiel les plus chers en Amérique du Nord.

Donc qu’est ce qui est arrivé aux hippies de Yorkville? Quelques uns se sont rejoint au mouvement de “ retour à la terre ” et ont travaillés sur les fermes communautaires. D’autres ont été à l’université, ayant voulu continuer leur éducation. D’autres sont restés dévoués à la musique et ont ouverts d'autres salles de concert à Toronto et dans d’autres villes, et d’autres ont complètement lâché la contreculture et ont trouvés des emplois dans “ le système ”. Plusieurs sont devenus activistes, avec un engagement politique renforcé. Toutes ses personnes se rappellent sans doute leur expérience dans le quartier de Yorkville pendant les années 60s.


Traduit par Léa Rousseau.


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